Vite aux abris.
Les 20 et 21 Mai 2019 Léoncel.
Journée sous une pluie de folie et de vent persistant. Des paquets de flotte tombaient du ciel. Une vraie bourrasque nous empêchait de marcher normalement. Il y avait à certains endroits des ruisseaux qui traversaient la route. Cabotte qui n’aime pas l’eau y pataugeait dedans. Franchement sans chercher à éviter les flaques. Elle ne se posait plus de questions. Moi non plus d’ailleurs. Nous avancions d’un pas soutenu pour nous éviter de prendre trop froid.
Mes chaussures séchées la veille étaient pleines d’eau au bout d’une demi-heure. Le vent me remontait la cape. J’étais trempé jusqu’au dessus des genoux. La cape très efficace m’avait protégé le haut du corps. Heureusement. L’éclaircie que j’avais tant espérée au départ, s’est transformée en cauchemar. On n’y voyait rien sur la route. Trois heures interminables à fixer la route et à essayer d’oublier les conditions climatiques exécrables. Une sacrée gymnastique mentale. Nous devions ressembler à des zombies errant sur une route où plus personne ne se risquait.
Seule satisfaction le panneau d’entrée d’agglomération de Léoncel.
Léoncel est un petit hameau. Là je commence à imaginer le pire des scénarios. Si je ne trouve rien nous allons être dans la mouise pour ne pas dire autre chose.
J’aperçois un gite d’étape. Je sonne et une dame en sort pour me dire qu’il n’y a plus de place. Elle a un groupe en ce moment. J’étais très mal. Mais elle appelle une dame de la mairie pour voir si elle n’avait pas de solution pour moi et Cabotte.
– Il y a de la place au gite communal, me dit-elle avec un grand sourire. J’ai cru déceler en elle une once de pitié pour moi. C’est terrible de ressentir cela.
Nous nous dirigeons vers le gite. Et voilà que le soleil fait son apparition. Modeste mais il est là encore faiblard. Il était temps.
J’ai du mal à débâter Cabotte tellement j’ai froid aux doigts. Je suis heureux d’avoir pu trouver ce gite. Je m’installe tranquillement. Les deux personnes qui devaient venir ont décommandé. C’est bien logique. Ce n’était pas un temps à mettre un randonneur dehors. Même le plus courageux ou le plus fou. Je suis seul dans un gite pour sept personnes. Le grand luxe.
Je vais rester deux jours. J’en profite pour écrire. J’ai pratiquement une semaine de retard. Ça fait partie de l’aventure. Je commence à prendre goût à cet exercice quotidien.