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Une rencontre avec des adolescents.

Les 17 et 18 Avril 2019 Lodève.

Nous arrivons vers quatorze heures à Lodève.
J’ai rendez-vous avec la directrice de la MJC. Accueil sympa et attroupement de quelques jeunes ados autour de Cabotte. Toujours des éloges pour elle et jamais pour moi. À croire que je n’existe pas…
La directrice réunit quelques jeunes volontaires dans une salle pour que je vienne parler de mon projet. Les questions fusent de toutes parts. Des plus classiques au plus surprenantes et dans le désordre total. J’essaie de répondre de mon mieux.
– Quel âge a-t-elle ? Pourquoi une ânesse ? Pourquoi noire ? Elle est grande ? Combien elle porte ? C’est lourd ? Depuis combien de temps êtes-vous partis ? D’où ? C’est où les Landes ? Combien de kilomètres par jour? C’est pas rapide comme voyage ? Vous n’avez pas peur de la solitude ? Vous ne vous ennuyez pas ? Etes-vous marié ? Elle est d’accord votre femme ? C’est long neuf mois ? Vous écrivez ? Quoi ? C’est important d’écrire ? À quoi ça sert d’écrire ? Ce sont vos mémoires ? Comment faites-vous quand il pleut ? Vous n’avait pas froid ? Moi je ne pourrais pas dormir dehors. Vous utilisez les réseaux sociaux ? Vous mangez comment ? Quelles sont les personnes que vous rencontrez ? Elle a peur des chiens ? Etc.
Certains jeunes sont plus ou moins intéressés par mes propos. Mais la question qui tue tant elle est inattendue et tombe de nulle part comme un cheveu dans la soupe :
– Ça rapporte quoi de voyager (ici question orientée en terme d’argent sonnant) avec un âne ?
Comme si chaque chose ou acte devait rapporter quelque chose. Comme si la gratuité et l’inutilité étaient étranges dans un monde où tout se calcule, se négocie et se monnaye. Où les échanges naturels paraissent douteux et d’une valeur immatérielle. Les ados n’ont pas froid aux yeux. Ils sont sans limites. Ils ont cette honnêteté provocante et saine de vous le faire savoir sans ménagement et sans passer par la case réflexion. C’est lâché ainsi à la volée. Débrouille-toi avec ta conscience et ton bon sens. À toi de répondre si tu en as une quelconque idée.
Bel exercice pour moi. J’espère que mon témoignage leur aura montré autre chose, très éloignée de leurs préoccupations quotidiennes. Aux yeux de certains, j’ai dû passer pour un extraterrestre. J’ose et revendique le droit à la différence et non à celui de l’indifférence.

Je prends un rendez-vous le lendemain chez le véto pour qu’il me confirme que la dermite est bien en bonne voie de guérison. Mais aussi pour trouver un traitement efficace contre les tiques. Celles-ci provoquent des blessures imposantes et difficiles à traiter. C’est une année à tiques. L’hiver inexistant n’a pas pu enrayer par le froid leur prolifération. Elle reçoit une piqûre pour la calmer des démangeaisons de plus en plus tenaces. Malgré tous ces désagréments Cabotte est en forme. J’avais besoin d’être rassuré. Je le suis maintenant. Je repartirai léger avec ce souci en moins.

Je m’installe dans la salle communale et disperse mon matériel un peu partout. Plus il y a de surface disponible plus tu en mets partout. C’est évidemment mon cas. Lorsque je reviens du véto quelle ne fut pas ma surprise de voir deux personnes travailler sur un projet culturel. Je suis confus de tout ce bordel. La mairie ne m’ayant pas prévenu. Une erreur de leur part très vite réparée. Je range mes affaires au plus vite et disparais de toute la journée, les laissant seuls pour éviter de les déranger. J’étais désolé de cette déconvenue.

J’en profite pour aller laver et sécher mon linge. Je m’offre un plat unique et copieux de lentille saucisse et un ballon de vin rouge. Un vrai régal de simplicité. J’adore les lentilles.
Lorsque je rentre ils sont toujours sur place. Je prends un café avec eux. J’apprends qu’ils travaillent sur l’écriture d’une pièce de théâtre d’horreur. Je trouve que le sujet est osé et pas facile à traiter. Enfin pour moi. Eux savaient visiblement où ils allaient. Ils connaissaient bien le thème et le fil conducteur de ce type de pièce : la peur, la surprise, le morbide, le suspens, le tragique, l’humour et la dérision. Une horreur en quelque sorte.
Avant de partir le lendemain matin je leur ai préparé un café. Je ne les ai pas attendus comme promis. Cabotte avait des impatiences dans les jambes. Une fois équipée de son barda il faut partir. C’est tout le temps comme ça avec elle. Elle ne se fait jamais prier pour s’en aller comme si elle voulait terminer au plus tôt. Déjà, avant de commencer. Bonne mentalité Cabotte. Continue comme ça et reste sur ta lancée.

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