Une journée sans énergie.
Le 05 Juillet 2019 Saint-Hippolyte.
Nous partons très tôt vers 7H00 heures du matin. Il va faire une chaleur caniculaire. Malgré tout la descente est fraîche sous les arbres.
Très rapidement la température monte. Vers 11h30 nous arrivons à Saint-Hippolyte. Je décide de nous arrêter. Ce serait suicidaire de continuer dans ces conditions. Cabotte est fatiguée. Moi aussi. Ça tombe bien. Je m’arrête prendre un demi au troquet du coin. Les gens me harcellent de questions. Je ne me sens pas capable d’y répondre. C’est la première fois que cela m’arrive. J’avale rapidement le demi et me dirige vers l’office du tourisme avant qu’il ne ferme. La jeune femme fait son possible pour me trouver une solution. Elle est sympathique mais embarrassée. Je le vois bien. Je regarde par la fenêtre et aperçois en contrebas une sorte de plage près du Doubs. Il y a une langue de verdure à proximité. Ce n’est pas le luxe pour Cabotte. Mais ça pourrait faire l’affaire. Je n’ai pas la force de chercher autre chose.
– Je vois par la fenêtre une sorte de plage près du Doubs. Serait-il possible de nous y installer ?
– Je crois que c’est à la commune. Il faut aller leur demander. C’est encore ouvert.
C’est acquis, nous nous installons sur cette minuscule plage.
Pas un brin d’ombre à cette heure-ci. Cabotte réussit à se faufiler dans une espèce de fourré. Elle reste immobile comme une statue. Les taons sont de sortie. L’agressent en permanence. Je ne peux plus rien pour elle. Tous les produits essayés sont inefficaces. J’ai mal pour elle. Elle reste stoïque. Elle a décidé de ne plus lutter. Va-t-elle ainsi attendre la fin de la journée ?
De temps en temps je lui en tue une bonne vingtaine avec le dos de la main. Je les explose. Malgré le carnage ils reviennent de plus en plus nombreux me semble-t-il. Je vais chercher de l’eau dans le Doubs avec le seau et asperge Cabotte. Ça la soulage enfin. Je vide ainsi une bonne dizaine de seaux. Elle qui n’aime pas l’eau aujourd’hui l’apprécie. Les taons s’en vont chercher une autre victime. Ils démissionnent. Pour combien de temps ! je n’en sais rien. Je suis exténué. La chaleur est de plus en plus insupportable. Et toujours pas un brin d’air.
Je suis pris d’une soudaine envie de dormir. Une mouche tsétsé a dû passer par là. Elle m’a sulfaté le corps et l’esprit. Je me sens lourd. Je repère un banc à l’ombre juste au dessus de la plage. Je m’allonge et m’endors. Je vais me réveiller 3 heures plus tard. C’est bien trois heures de 15h00 à 18h00. Je n’en reviens pas. La mouche tsétsé m’a provisoirement foudroyé. Je suis autant crevé qu’avant de m’être couché.
Je cours voir Cabotte. Elle mange des feuilles de noisetier. Elle est sereine. Je suis soulagé pour elle. Les taons ne sont plus là. Bizarre ! L’approche de la nuit.
Je n’ai même pas la force de me baigner dans le Doubs. Même me tremper le bout des pieds. Je suis ensuqué et sans énergie. Je dois me bouger. Sortir de cette léthargie. Je vais manger un morceau. J’avais repéré un troquet de restauration rapide. Des personnes me reconnaissent et me payent des demis. J’en accepte deux et refusent les autres. Je n’avais pas envie de me prendre une cuite. Sous cette chaleur ! Une mise à mort certaine.
Tout le monde buvait plus que de coutume. La canicule. Ils descendaient des demis à ne plus en finir. Le tonneau des danaïdes. Plus tu bois plus tu as soif. Jamais tu n’arrêtes. C’était une bonne affaire pour le patron une telle journée.
Un type bien gras et gluant draguait une fille qui elle, draguait un autre mec plus ragoutant et jeune. C’était très rigolo à suivre ce manège. Je suis sûr qu’ils sont repartis chacun de leur côté sans avoir conclu l’affaire. Ça se termine souvent comme cela ce genre d’histoire. Surtout dans ces lieux.
Le patron m’apporte deux tranches de jambon cuites, surmontées d’un œuf au plat et entourées de poivrons rouge grillés. Plus des piments verts eux aussi grillés. Et l’inévitable et généreuse portion de frites. Un client m’offre un demi. Je me régale. J’avais un besoin irrépressible de salé et de frites. Un plat simple mais copieux qui changeait de l’ordinaire. C’est très digeste, vous savez, quand l’envie vous prend subitement. Je mangeais lentement. Assez rare pour moi. J’appréciais malgré la chaleur irrespirable et lourde à l’intérieur du troquet. Le patron m’a offert le dessert et le café. Et plus encore. Mais là aussi j’ai refusé. Un digestif !
Il est plus de 22h00. La chaleur a baissé d’un cran, mais si peu. Je me suis couché. Encore une fois. Rien d’autre à faire. Cinq minutes après je dormais à poings fermés.