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Un lieu extraordinaire.

Le 10 Septembre 2019, Saint-Pierre-la-Bourlhonne (Col du Béal).

Nous voilà dans la montée en direction de la station de ski de la Chambonie.

Une belle journée se dessine. Il semblerait que quelques nuages se languissent sur les hauteurs. Ils ne sont pas prêts de se décrocher de la cime des arbres. Nous sommes arrivés au col de la loge assez rapidement. La station de la Chambonie était désertique. Je pensais trouver un lieu pour boire un café. Le restaurant était fermé. C’est bien dommage. Nous empruntons les pistes de ski de fond. À cette altitude (entre 1200 et 1400 mètres) ne poussent en majorité que des résineux : épicéas, douglas, sapin pectiné, pin sylvestre. Une forêt digne de ressembler à une forêt. De beaux arbres. Elle était très agréable. Il y avait peu de dénivelé.

Un vrai plaisir de marcher sans effort sur des kilomètres. Il suffisait de se laisser aller au gré de mes innombrables cogitations, des instantanées de vie filaient comme des banderoles d’images. Cabotte à mes côtés avait fière allure. J’étais très heureux d’être avec elle. Nous nous comprenions, l’instant était solennel et taiseux. Nos pas nous guidaient avec régularité, un vent de liberté nous emportait avec légèreté.

Alors que je m’enfonçais dans une espèce de bosquet de feuillus pour y déposer une envie pressante, je tombe par hasard, nez à nez avec, comment dirais-je, une couvée impressionnante de cèpes. Il y en avait partout. De quoi régaler un régiment ! Il faut me croire. Bien sûr je n’ai rien pu en faire. Je les ai laissés sur place, sur pied. À celui qui les trouvera.

Nous sortons de la forêt, le paysage devint plus accidenté et semi-désertique. Un changement radical. Nous sommes arrivés au col du Béal (1390 m) en début d’après-midi. Un paysage ouvert sur des collines couleurs bruyère, ocrées par endroits, mauves tendre parmi des herbes semi-rigides, jaunies, couchées, peignées par des rafales de vent. Justement, celui-ci s’est levé sans prévenir.

J’ai réussi à trouver derrière un muret un endroit pour poser ma tente. Elle sera à l’abri. Aucun risque de la voir s’envoler. J’attends l’ouverture de l’auberge. Elle n’ouvrira que vers 16h00. Il n’y avait que Cabotte et moi. Je mesurai alors la chance d’être là avec ma douce Cabotte.

Je respirai avec sérénité un magnifique paysage sauvage aux herbes folles et agitées par le souffle régulier du vent. Il commençait à faire frisquet. Normal nous étions exposés en haut d’un col, en plein vent.

Enfin une dame arriva pour ouvrir l’auberge. Je m’y suis précipité pour boire un café. Elle m’informa qu’elle allait recevoir un groupe de randonneurs. Elle était très affairée à plein de tâches en cuisine et au bar. J’ai senti qu’elle n’était pas disponible. Je lui indiquai seulement que je mangerai ce soir.

En attendant l’heure je me suis mis à écrire. Il faisait chaud, j’étais assis (important), ma mémoire s’ouvrait comme un livre, j’étais inspiré, les mots affluaient, les phrases me convenaient, tout allait bien. Mon récit coulait sans encombre. Je m’offrais une Suze fabrication locale. Moins sucrée, plus légère avec tout de même un fond de gentiane plus âpre et subtil que la Suze classique du commerce. Un régal. Je suis un inconditionnel de la Suze. J’y perçois un arrière-goût de terre fleurie. Ce qui n’est pas une aberration puisque dans cet apéritif on y trouve, parmi d’autres plantes, des extraits de rhizomes ou de racines de gentiane jaune qui poussent en abondance en moyenne montagne. Une ne suffisant pas, j’en reprends une deuxième.

Les randonneurs arrivèrent par petits groupes. Ils étaient au moins une vingtaine. Il s’agissait d’un comité d’entreprise du coin regroupant en majorité des commerciaux venant de toute la France. Une bonne et singulière idée me semble-t-il pour entretenir une cohésion de groupe. Un guide en moyenne montagne les avait accompagnés dans leur randonnée. C’est toujours intéressant de découvrir un collègue hors du travail. Il y a parfois de belles surprises…

Le repas fut excellent : un feuilleté de fromage, une andouillette et pour terminer une tarte aux myrtilles. J’en ai apprécié chaque bouchée. L’ensemble accompagné de plusieurs ballons d’un capiteux vin rouge aux origines inconnues. J’ai pris mon temps. J’étais bien dans l’antre de cette auberge. Lorsque je suis sorti, à contre cœur, le froid m’a frappé de plein fouet. Je suis allé me réfugier dans mon duvet. Repu, je me suis rapidement endormi.

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