Tout va pour le mieux.
Le 21 Août 2019 Saint-Léger-sous-Beuvray.
Une belle balade assez physique. Nous avons l’habitude. Les corps sont aguerris, et l’esprit en balade. Les beaux paysages que nous traversons nous deviennent familiers. On s’habitue à tout même à la beauté. Celle-ci devient ordinaire et fade. Elle est acquise sans surprise, rangée et classée au fond de ma mémoire. L’intérêt de la côtoyer perd de sa superbe. Je m’adresse à Cabotte.
– Ma douce Cabotte la campagne est belle. Tu ne trouves pas ? Regarde. Fais un effort. Ne joue pas la blasée.
– Bien sûr qu’elle est belle ô mon bon Maître. Je n’en doute pas. La chaleur revient au galop. L’herbe est rase. Je me sens lourde et fatiguée. Je souhaite rentrer à la maison.
– Ma douce Cabotte je te comprends. Nous sommes bien loin de notre port d’attache. Il y a encore du chemin à parcourir. Chaque jour nous rapproche de la maison. C’est une histoire de patience et de temps. Vivons l’instant présent. Laissons-nous dériver à l’infini. C’est beau la vie. N’est-ce pas ? Le soleil nous éclaire le chemin du jour.
Je prends la tête de Cabotte dans mes bras. C’est très fréquent. C’est rituel entre nous. Nous nous abandonnons ainsi dans le silence de l’instant. Le bonheur de se tenir ainsi nous envahit. C’est si bon d’être ici. Nous nous sommes mutuellement énergisés, redonnés l’élan qu’il nous fallait pour repartir comme en quarante. Le sabot engagé, motivé… Le pas léger et la pensée virevoltante.
Nous arrivons sur la place centrale de Saint-Léger-sous-Beuvray. Un bel endroit.
Je vais directement dans un café évaluer l’ambiance du village. J’expose mon souhait de rester dans le coin. Le serveur m’oriente alors vers la mairie. L’adjoint au maire me signale un vaste endroit clos derrière la mairie. Il n’y a pas d’herbe. J’ai encore quelques granulés. Les derniers. C’est urgent je dois en trouver. Je m’installe rapidement.
Me voilà parti à la recherche de granulés pour Cabotte. Je rentre dans un restaurant, le premier que j’aperçois sur la place.
Je rencontre le patron très affairé derrière son bar. Il avait du monde. Ce n’était pas encore la fin du service. Certains clients traînaient en longueur. Il ne pouvait décemment pas les gicler. C’était son boulot de les remercier d’être venus.
– Je peux vous procurer du foin. J’ai des chevaux chez-moi. Ce n’est pas très loin d’ici. Revenez un peu plus tard. Là, j’ai trop de clients. Vers dix-sept heures, je serai de retour. Ça vous convient ?
Sûr, que cela me convient. J’ai comme on dit le cul bordé de nouilles. Expression bizarre qui me vient immédiatement à l’esprit pour exprimer ma grande joie. Je n’avais même pas à chercher. Une manne venant du ciel.
Le patron m’apporta une demi-botte de foin. C’était plus qu’il ne m’en fallait pour combler Cabotte. Le foin était parfumé et de bonne texture si je puis dire. Du bon foin. Il me vendit cinq kg de granulés de très bonne qualité avec en supplément des sels minéraux, oligoéléments, etc. Le luxe. Une chance pour Cabotte. Elle va en avoir besoin. J’ai pu aussi faire des courses pour moi dans un petit magasin de proximité. J’ai trouvé ce que je recherchais. Il est des jours où tout fonctionne à merveille. J’en profite pour me laisser aller. Une forme de liberté assumée ce laisser-aller ! J’en profite.