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Qui est la bourrique?

Les 07, 08, 09 Mai 2019 Saint-Martin d’Ardèche.

La descente sur Saint-Martin-d ’Ardèche fut très sportive mais Cabotte s’en est très bien sortie. Elle n’aime pas les descentes. Elle les négocie avec calme et prudence. Je la laisse faire et me tiens loin d’elle. Devant. Si elle glisse ou tombe je ne risque pas de me la prendre sur le dos. Trois-cents kilos ça doit faire mal.

Enfin le fameux pont suspendu de Saint-Martin-d ‘Ardèche !

Il traverse l’Ardèche sur plus de deux-cents mètres. La particularité de ce pont : deux voitures ne peuvent se croiser. C’est très étroit. Une voiture et un âne avec des sacoches bien pleines, ça ne passe pas non plus. Martine m’avait prévenu. C’est très compliqué malgré les deux feux tricolores alternés.

Je calcule le temps qu’il faut. Impossible de traverser. Je pars au feu vert mais ne puis atteindre l’autre berge. Le temps imparti est trop court pour Cabotte et moi. De plus celle-ci, comme par hasard, traîne des sabots. Je fais quelques tentatives, toutes infructueuses. Chaque fois je reviens en arrière. Il me faut une aide. J’arrête deux cyclistes. Je leur explique mon problème. Je leur demande d’aller au bout du pont et d’arrêter les voitures le temps pour nous de passer.
– Oui, oui !
Et les voilà partis. Ils me font signe de passer. Il n’y avait pas de voiture selon eux. Nous partons en toute confiance. Les voilà qui reviennent et s’arrêtent au milieu du pont pour nous prendre en photo. Derrière eux déjà des voitures s’engagent. Derrière moi des voitures me suivaient à la limite de nous pousser pour aller plus vite. Nous n’allions pas assez vite ! Les deux cyclistes se sont mystérieusement envolés. Ils n’avaient rien compris au problème. Nous sommes dans la « merde », coincés et bien coincés. On ne peut pas mieux faire.
Nous voilà donc au trois quart du pont, presque à l’arrivée. Le gars derrière moi commence à s’énerver. Il m’engueule comme un fou furieux. Il veut passer à tout prix.
– Le feu est au vert. Je passe.
– Connard, ça t’arrive de réfléchir. Tu vois bien qu’on est dans la merde.
– Le feu est au vert. Je suis dans mon droit. Je passe.
Je hausse les épaules. C’est le roi des cons. Et des cons j’en connais un rayon.
Je me tais en essayant de l’ignorer. Je dois trouver une solution. Je laisse Cabotte sur place et demande aux voitures devant nous de reculer. Ils le font tous, sauf une. La première qui est devant nous. La dame au volant me dit ne pas savoir reculer sur une si longue distance. C’est incroyable. Je demande à quelqu’un de prendre son volant. Elle refuse catégoriquement. Je décide de la guider. Elle frôle le parapet à plusieurs reprises. On recule, on avance, on recule, etc. Je ne vous raconte pas le reste. Ça demande un temps infini.
Et l’autre abruti qui klaxonne pour la mettre encore plus en panique. Je me retourne.
– Ecoute espèce d’abruti si tu continues ta voiture je te la balance dans l’Ardèche. Ou si tu préfères, Cabotte lui refait une beauté à coups de sabots ravageurs.
– Connard dégage cette bestiole de mon passage. Je n’ai pas que cela à foutre.
– Je sais le feu était vert. Et je dois te laisser passer. Pauvre type. Des types comme toi, heureusement qu’on en chie pas un tous les jours. Le monde serait dans la merde jusqu’au cou.
Sa femme prend peur et lui demande de se calmer. Il force le passage alors que nous sommes presque arrivés au bout du pont. Il insiste et bouscule Cabotte qui commence à s’énerver. Il réussit à passer en la coinçant contre le parapet. Une sacoche lui retourne le rétro. Il gueule comme si on lui avait volé, ici rayé, ce qu’il avait de plus important au monde.
– Ma voiture! Ma voiture! Putain ma voiture, elle est rayée. Qui va payer ? Ma voiture !
– Pauvre con. Bien fait pour ta gueule. Il fallait réfléchir avant. Si tu oses te rebiffer, si tu oses bouger un poil du cul, si tu oses demander un constat ; je t’en colle une à te retourner la tête pour te la remettre à l’endroit. Je suis très motivé comme tu peux le voir.
Et comme tous les grands courageux de ce monde ; il est parti en aboyant la queue entre les pattes. Je lui prédis que le jour de sa mort il sera au rendez-vous sans broncher. Il aura beau appeler sa mère et crier à l’injustice ; il aura droit à la grande faucheuse. Personne ne pourra rien pour lui. Surtout pas moi.
Enfin nous voilà de l’autre côté. Cette affaire nous a bien pris, sans mentir une bonne demi-heure et beaucoup d’énergie et de sang froid.

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