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La poisse.

Le 07 Avril 2019 Lac du Laouzas.

Il nous faut partir. Le temps est mitigé. Nous nous remettons en route. Le début de la balade est très agréable dans la forêt. Tout va pour le mieux.

Après deux heures de marche un vieux tronc pas très imposant est couché en travers du sentier. Cabotte ne peut pas passer par dessus. Je réussis à le faire pivoter en le tirant vers moi et après avoir coupé un bouquet de houx qui me gênait. Nous nous remettons en route. Le tronc était assez lourd mais j’ai réussi à le déplacer. J’étais très motivé. Une demi-heure après, toujours sur le même sentier, trois gros hêtres couchés en travers du sentier. Rebelote. Là rien à faire. Impossible de passer à droite trop encombré de végétation ; à gauche un raidillon impossible à gravir. La poisse. Demi-tour et je m’engage sur un chemin forestier en espérant retrouver la route départementale pour arriver au lac du Laouzas. Nous atteignons enfin le lac. Arrivé au bout du lac un frêle petit pont en bois juste construit pour piétons s’offrait à nous. Cabotte ne peut pas passer. Je ne prends pas le risque. Certaines lattes sont pourries. Il me faut trouver une autre solution de contournement. Impossible de trouver un gué. Le sol est trop mouvant et je ne voudrais pas bloquer Cabotte encore une fois.


La seule solution : contourner entièrement le lac. Au moins 8 kms en plus ! J’étais furieux mais nous sommes repartis en acceptant une nouvelle fois cette déconvenue. Le temps commence à m’inquiéter ; de gros nuages bien compacts et lourds se présentent à nous. La pluie va tomber sous peu. Sur les berges pas d’espace pour planter la tente et pas d’herbe suffisante pour Cabotte.
Je trouve un endroit acceptable. Déjà quelques gouttes d’eau tombent. Je monte la tente juste à temps mais de l’eau a mouillé le tapis de sol. Je l’éponge avec ma serviette et m’installe pour la nuit. La nuit est froide. Malgré ma couverture de survie je constate que le bas du duvet est couvert de glace. Je ne m’en suis pas rendu compte.

 

 

Autre constat. Ce matin Cabotte ne semble pas en forme. Je la brosse et la sens crispée au niveau du dos, le long de la colonne vertébrale. Je la palpe et là, je constate une importante inflammation de la peau. J’étais inquiet. Cabotte souffrait vraiment. Elle devenait rétive aux moindres palpations. Ce qui est rare. En général c’est le premier contact que nous avons le matin. Je commence à me dire qu’il y a un vrai problème. La nuit froide et pluvieuse avait favorisé le développement de cette infection. Je ne savais pas ce qu’elle avait. Elle est dure au mal et jusqu’à ce jour ne s’était jamais plainte. Certes j’avais constaté quelques blessures succinctes que j’attribuais à d’éventuelles tiques ou insectes. Je traitais ces insignifiantes plaies avec un désinfectant et une pommade cicatrisante. Maintenant je peux dire que c’était les prémisses d’une pathologie plus grave. Je l’ignorais alors.
Je cherche un cabinet vétérinaire le plus proche de là où nous sommes. Il se trouve à Lacaune. Je téléphone, ils ont des urgences à régler auprès des éleveurs avant de venir à l’endroit où nous nous trouvons. C’est l’époque de mises bas des bovins et ovins.
Je ne peux pas rester sur place. Il fait froid. Cabotte semble prise de lassitude et de tristesse. Je la bâte malgré la douleur qu’elle subissait. Je m’en voulais d’avoir été aussi négligent envers elle. Elle ne disait rien. Je lui parlais constamment pour me rassurer avant tout. Elle avançait sans rechigner. La tête basse. Quel courage d’abnégation face à la douleur. Je culpabilisais. On m’avait prévenu : les ânes sont très résistants et ne se plaignent jamais. J’ai manqué de vigilance et surtout de connaissances.

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