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Dansons sous une pluie soudaine.

Le 07 Août 2019 Saussy.

Nous sommes partis tranquillement par la forêt. Après quelques heures de marche l’atmosphère devint lourde et difficilement respirable, mais le ciel restait dégagé. Pas l’ombre d’un nuage à l’horizon. Je pressentais un orage en début d’après-midi. Rien de bien méchant à mon avis. La terre avait tant besoin d’eau. Juste avant d’arriver à Saussy le ciel s’encombra en peu de temps de nuages mouvants et bien sinistres. Le ciel allait décharger sa cargaison encombrante dans peu de temps. Déjà quelques gouttes épaisses commençaient à tomber. Il me fallait m’arrêter. Une personne de Saussy m’indiqua un centre équestre des Domaines des Charmes. Une école d’équitation.
– Vous sortez du village, ensuite vous faites au moins un kilomètre et vous l’apercevrez, vous ne pouvez pas le manquer. Vous verrez les chevaux de la route.


Nous voilà en route vers le centre équestre. Ce qui me chiffonnait, c’était « au moins un kilomètre ». Cela voulait dire plus d’un kilomètre. Combien ? J’avais l’habitude. Je peux affirmer que les kilomètres sont différents selon les personnes. Il ne fallait pas trop si fier. Une évaluation des distances est aléatoire et dépend de la façon dont vous vous déplacez en temps normal: à pied, à vélo, en voiture, etc. Ce n’est pas la même chose et surtout le même effort. À trois kilomètres heures avec Cabotte, vu les circonstances le ciel allait nous tomber sur la crâne.
Je commence à prendre l’eau. J’aurais dû m’arrêter pour enfiler une cape. Elle était bien rangée au fond de mon sac à dos. La fainéantise est ici rarement de bon conseil. Après avoir essayé vainement de passer entre les gouttes, je me laisse envahir par celles-ci. Déjà des trombes, des paquets d’eau se déversent avec générosité sur nous. Nous subissons le chaos. Je laisse faire la nature. C’est une bénédiction du ciel (il faut bien se consoler) après les fortes chaleurs de ces derniers jours. Si les premières gouttes sont désagréables, une fois trempé ce n’est que du bonheur. Il faut accepter les nouvelles conditions sans lutter. En fin de compte j’y prends paradoxalement goût.
Après une heure à danser sous la pluie nous nous présentons devant le centre équestre. Nous sommes reçus par Fabienne. Elle était très pressée.
– Vous devez être bien mouillé. Vous n’avez pas de chance. C’était juste un intermède plein d’espoir. C’est déjà fini. Ça nous a juste rafraîchi l’atmosphère. L’eau n’a fait que courir sans pénétrer les sols. Regardez tout est grillé.
– C’est bien vrai. Tout va sécher rapidement.
– Je ne serai pas là ce soir. Vous pouvez vous abriter dans le hangar à foin et vous installer pour la nuit. Je dois m’en aller.
Un peu plus tard en fin d’après-midi, Eric, un des responsables, est venu me voir. Il a bien résumé la journée. C’était un dimanche. Un jour sans visiteur ni cours. Il venait juste vérifier s’il n’y avait rien de particulier sur le centre. En dehors de Cabotte et moi.
– La pluie était très attendue. Elle est venue, s’est arrêtée, est repartie d’où elle venait, sans se retourner, sans bruit comme appelée par d’autres missions d’intérêt public. Elle nous laisse que des regrets. Peu d’eau. Un désastre annoncé.
– Reviens ô ma douce, délicate et surprenante pluie, nous avons tant besoin de toi, pensais-je en constatant l’assèchement durable du sol.

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