Ça plombe !
Les 15 et 16 Juin 2019 Lelex.
Je suis arrivé vers 11h00 à Lelex. C’est la guerre en plein centre du village. Heureusement qu’ils tirent sur des assiettes en argile. C’est une compétition de ball-trap. Ça tire dur et tendu sans arrêt. Il y a plusieurs postes de lancement. Aucun répit. Certains canons de fusil chauffent et fument tant l’activité est intense. Ça sent la poudre. Les assiettes volent en éclats puis se perdent dans un beau pré fleuri. Un paradoxe. Des fleurs des champs et des copeaux d’argile orangés ne font pas bon ménage. Qui va ramasser les bris de ces assiettes ? Et je ne parle pas des milliers de plombs perdus dans la nature.
Ce sport demande beaucoup de concentration au départ ; d’adresse et de rapidité pour toucher la cible volante. Ça cartonne sévère. Le bruit est assourdissant et incessant. La guerre vous dis-je.
J’ai rendez-vous avec Anne-Catherine et Bernard.
Anne-Catherine est une amie que j’ai connue et appréciée à Saint-Cergues en Haute-Savoie chez ses parents. Une tranche de ma vie. Je suis très lié à cette famille. Le temps n’est pas terrible mais il ne pleut pas. Les tireurs chassent les nuages à coup de fusil. Pour combien de temps encore ?
Nous partageons un pique-nique et quelques souvenirs. Un bon moment.
Arrive l’heure de se séparer. J’ai rendez-vous dans un ancien gite pour passer la nuit.
À peine ai-je quitté Anne-Catherine et Bernard qu’il se met à pleuvoir dru. La montée vers le gite est raide. En quelques minutes nous sommes trempés. Je suis dégoûté. L’orage tonne dans les environs.
À peine arrivé je décide de rester une journée de plus pour me requinquer.
– Qu’est-ce que tu en penses Cabotte ?
– Du moment qu’il y a de la bonne herbe. Je reste. Qu’il pleuve ou qu’il vente ma couenne est bien tannée. Le mauvais temps je connais.
– En gros tu t’en fous ?
– Non. C’est de la bonne herbe qu’il me faut. Le reste je fais avec. Je m’acclimate très bien. Tu le sais, depuis le temps que l’on traine ensemble.
– Bientôt quatre mois ma Cabotte. Nous en avons besoin. Il faut savoir s’arrêter.
Le gite pour moi tout seul avec tout le confort. Marie-Suzanne et Jean-Pierre sont très sympas. Ils sont à la retraite. Le gite ne sert que de temps en temps pour rendre service. D’ailleurs un groupe de personnes vient de terminer un stage sur les plantes aromatiques.
Le gite se nomme Chantourne. En plus du gite, Marie-Suzanne chantourne dans des pièces de bois, avec minutie et précision, de petits objets. Il s’agit de découper et de dessiner des profils de bois. Un vrai travail d’artiste. Le hobby s’est transformé en travail professionnel à un moment donné de sa vie. Elle est très habile de ses mains.
Le lendemain je suis invité à manger les plantes ramassées la veille par les stagiaires. Il y en avait en soupe et en salades. Un repas d’herbivore comme ma Cabotte. Certaines étaient justes blanchies pour leur donner consistance et goût non dénaturé. C’était surprenant et bon. J’ai oublié le nom des plantes. J’ai peur de me tromper en en citant quelques unes.
Au fait, vous connaissez toutes les plantes de votre Jardin ?
Non. Si ça peut vous rassurer moi non plus.
Cabotte connait en ce moment celles des prés fleuris. Elle les choisit avec minutie et les mange à volonté. En s’en faire péter le bide. Bravo ma Cabotte. Elle peut faire des kilomètres en suivant les pissenlits : sa plante préférée.