Après avoir subi un refus catégorique, une solution idyllique.
Le 22 Juillet 2019 Darney
La canicule s’installe. Je suis la Saône comme un automate. Il faut avancer. Rien d’autre.
La fraîcheur sous la forêt devient de plus en plus difficile à trouver. À dix heures le soleil fait son œuvre. L’air devient lourd et irrespirable.
J’arrive à Darney. Je me dirige vers la mairie. J’expose à l’accueil mon souci du moment. Il y avait derrière moi une femme qui attendait patiemment. Elle écoutait ma demande. Elle intervient.
– Ecoutez, j’ai une solution pour vous et votre ânesse. Je connais un endroit qui accueille des chevaux abandonnés ou maltraités. La propriétaire ne refusera pas. Elle est très sympa. J’y vais souvent avec les enfants de notre institution. Je suis éducatrice. C’est à trois kilomètres environ de Darney.
– Nous sommes prêts pour y aller avec Cabotte. Mais j’aimerais lui téléphoner pour avoir son accord. Trois kms c’est une heure de marche. Sous cette chaleur c’est un enfer.
– Ecoutez, je vais vous y accompagner en voiture. Ça ne va pas me prendre beaucoup de temps. Comme cela vous serez fixé. Je vais vous montrer en même temps le chemin le plus court pour y aller.
Nous arrivons là-bas assez rapidement. Il semblerait qu’il n’y ait personne à cette heure-ci. J’ai une mauvaise impression. Mais bon il ne faut guère s’y fier. On peut se tromper.
Enfin un homme sort d’un box. Je l’accoste et lui explique la situation. Il me répond embarrassé.
– Je ne suis pas le responsable de ce lieu. Je suis le maréchal-ferrant. La patronne n’est pas là. Je ne peux rien pour vous.
– Vous pouvez l’appeler ? Nous n’avons pas son téléphone.
L’éducatrice a lourdement insisté pour qu’il la contacte. Il le fait malgré tout. Nous voulions une réponse claire. Nous n’étions pas venus pour rien. Après une longue conversation au téléphone il s’approche de nous.
– Elle a dit non. Un non catégorique.
Il est reparti à ses occupations. À son boulot sans en rajouter. Il n’avait pas à se justifier. Il n’était pas de la maison. L’éducatrice était folle de rage. Elle était très déçue.
– Je ne comprends pas. Pas elle. Elle qui se dit ouverte au monde, d’une grande tolérance et d’ouverture d’esprit, d’empathie pour les gens, etc. Elle ne ferait que brasser du vent ! Je n’y crois pas. C’est incroyable. C’est juste de la théorie son discours !
Je lui réponds.
– Ce n’est pas grave. Elle a peut être ses raisons. Ce n’est pas évident d’accueillir sans avoir vu de ses propres yeux de quoi il en retourne. C’était peut-être incompatible avec ses chevaux. Je cherchais des arguments pour expliquer ce refus catégorique. C’était mon premier refus dans un centre équestre. Ils ont toujours trouvé une solution.
– Je n’y crois pas. Pas elle.
Elle me ramène à la mairie. Cette mésaventure, elle l’a en travers de la gorge. Elle me souhaite bonne chance. Je ne la reverrai plus.
Et la chance vint comme par enchantement. Le premier adjoint de la mairie descend de son bureau puis va voir Cabotte sur le parterre devant la mairie. Il la regarde longuement de la tête aux pieds. S’arrête aux sabots. Il semble rassuré.
– Votre Cabotte est en grande forme malgré tous ces kilomètres. Elle a le poil luisant, c’est un signe de bonne santé. Ses sabots sont en bon état. Vous savez vous en occuper. Ça se voit.
Ecoutez, attendez ici un moment. Je vais téléphoner à ma femme. Elle va venir vous chercher. Nous avons un double poney et un âne dans un vaste enclos. Il y a de l’eau et du foin s’il le faut pour votre ânesse.
La voilà qui arrive après un quart d’heure d’attente. Nous la suivons dans la rue en plein centre-ville. Nous entrons par une grande porte cochère donnant dans un ancien jardin. Tout au fond il y avait l’enclos. Cabotte fut accueillie par les occupants du lieu, l’ânesse Margotte et le double poney Silver. L’intégration, après quelques observations de circonstance, fut facile malgré l’insistance du double poney à marquer son territoire. C’est le chef et il tient à conserver son statut. Cabotte ne cherche pas le conflit. Elle s’adapte et repère très rapidement ce qui est bon pour elle.
La propriétaire est très heureuse de nous accueillir. Cela paraissait tout naturel pour elle. Elle adorait les ânes. Cabotte lui avait fait une forte impression de courage et d’abnégation. Que des louanges pour elle !
Le soir ils m’ont invité à partager leur repas. C’était très convivial. J’ai eu accès à la douche. Et le lendemain un petit déjeuner bien copieux m’attendait.
C’était très sympa comme endroit et l’accueil de qualité. J’en redemande encore. Quel bonheur !