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L’ombre d’une vieille dame.

Le 09 Septembre 2019 La Chambonie.

Nous voilà en route vers Notre-Dame de l’Hermitage. Une montée régulière de mise en forme. Un temps très sympa pour marcher.

Notre-Dame de l’Hermitage, une imposante et lourde masse en pleine forêt.

Ce lieu ne m’inspire pas beaucoup. Je ne sais pas trop pourquoi. C’est ainsi. Je m’y arrête un court instant, juste pour en admirer le panorama sur les monts du Forez.

Je décide de m’arrêter à la Chamba pour la nuit. Personne. Un village fantôme. Pas une âme en vue. Je redescends vers le village de la Chambonie en espérant avoir plus de chance. En chemin, je rencontre une vieille dame, vêtue d’un long manteau, d’un autre âge, sombre et ample, trop lourd pour elle, dans un état d’usure avancée. Elle ne devait jamais le quitter, été comme hiver. Elle était courbée, à la limite de la chute, et ramassait du bois mort certainement pour le chauffage ou la cuisine. Elle devait habiter une masure quelque part dans les parages. Je la sentais si fragile, si faible que je me demandais si elle allait se relever. Elle s’est redressée avec peine, quelques branches sous le bras pour se traîner un peu plus loin. Elle ne m’a même pas vu. J’en suis certain. Elle était trop concentrée à exécuter des gestes lents et précis. J’ai continué mon chemin. Bien plus tard je me suis aperçu que je n’avais pas osé lui adresser la parole. Pas un mot. J’imaginais alors l’ampleur de sa solitude. Elle la portait sur son dos comme un fardeau. Elle errait ainsi. Ployée certainement depuis de nombreuses années. Je ressentais une drôle et encombrante impression… une sorte d’empathie distante, sans implication, juste de l’observation déplacée. Une vision détachée. Je passais mon chemin.

Arrivé au village je rencontre par hasard le maire. Je trébuche presque sur lui. Je lui expose ma situation. En peu de temps il me propose le local technique de la mairie. Il me donne les clés. Cabotte a droit à un espace de verdure, entre le gite rural occupé par une famille et le local technique. Il m’explique entre autres que La Chambonie est, du département de la Loire, le moins peuplé. Environ une cinquantaine de personnes, plus ou moins suivant les années : entre les décès et le peu de naissances. Celles-ci sont exceptionnelles pour ne pas dire inexistantes. Les jeunes sont partis depuis bien longtemps.

Me voilà bien à l’abri. Je me suis aménagé un espace entre des divers outils vaguement rangés, une débrousailleuse, un immense barbecue, un sac de charbon de bois, des tables empilées, des chaises pêle-mêle, des produits divers, etc. Guy le maire est revenu avec des provisions : du pain, du pâté, des tomates. Je vais ainsi améliorer mon ordinaire. Je mange très tôt.

Je n’ai rien d’autre à faire. J’ai beaucoup de temps devant moi. Beaucoup trop. Dehors le temps est mitigé. Il va peut être pleuvoir. Je ne vais pas sortir. Je n’ai rien à lire ! Pas un seul journal, une revue, une page déchirée, froissée, en boule dans une poubelle, rien de cela dans ce fouillis. Je vais devoir m’en passer. C’est la première fois depuis mon départ que j’éprouve le besoin impérieux de lire quelque chose. N’importe quoi, pourvu que mon cerveau s’adonne à un exercice de lecture, juste pour m’évader. Tourner une page, partir ailleurs, gagner du temps avant de m’endormir. Recherches infructueuses. Las de ne pas trouver une occupation, vers vingt heures, je me glisse dans mon duvet et m’endors aussitôt.

1 Comment

  1. C’est moi ce soir qui ai eu le plaisir de pouvoir m’évader en te lisant avant d’aller me coucher…non pas en tournant les pages mais en faisant glisser les mots sur mon écran de téléphone ! Cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas plongée dans tes récits, malheureusement…et je te remercie de nous avoir posté ce petit rappel sur FB pour que nous y allions ! Bisous ?

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